En 2010, WikiLeaks, sous l’égide de Julian Assange, publiait des câbles diplomatiques américains révélant une stratégie d’influence ambitieuse menée par les États-Unis en France, ciblant notamment les populations des banlieues. 

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Ces documents, issus des fuites de Chelsea Manning, mettent en lumière une politique orchestrée par l’ambassade américaine à Paris, sous la direction de l’ambassadeur Charles Rivkin, visant à façonner les dynamiques sociales et politiques dans ces territoires sensibles.

Chelsea Manning

Une diplomatie publique à quatre dimensions

Les câbles diplomatiques décrivent une approche multidimensionnelle, qualifiée de « diplomatie publique », visant à établir une influence durable dans les banlieues françaises. Cette stratégie peut être décomposée en quatre axes principaux :

1. Détection : Les États-Unis ont mis en place un système sophistiqué de collecte d’informations, comparable à des techniques de « chasseurs de têtes ». 

Ce système incluait la création de fichiers de contacts, des entretiens approfondis et des mécanismes de renseignement pour identifier les jeunes leaders prometteurs dans les banlieues. 

L’objectif était de repérer des individus susceptibles de devenir des relais d’influence.

2. Anticipation : Les câbles révèlent une compréhension fine des dynamiques de la diversité en France, bien en avance sur les partis politiques français. 

Les diplomates américains soulignaient les failles du système français en matière d’intégration et de valorisation des minorités, mettant en évidence une forme d’inaction ou de retard des élites politiques nationales. 

Cette anticipation leur permettait de se positionner comme des acteurs proactifs sur ces questions.

3. Déstabilisation : Les documents suggèrent une volonté de tirer parti des fractures sociales françaises, notamment dans les banlieues, où le sentiment d’abandon par les autorités publiques est souvent prégnant. 

En s’adressant directement aux jeunes marginalisés, les États-Unis cherchaient à canaliser leur frustration pour en faire un levier d’influence, parfois au détriment de la cohésion sociale française.

4. Manipulation : L’ambassade américaine proposait un accompagnement actif des jeunes leaders identifiés, incluant des plans de communication et un soutien à leurs ambitions politiques ou professionnelles. 

Cette démarche visait à intégrer ces individus dans un réseau d’influence pro-américain, avec pour objectif de façonner l’avenir politique et social de la France.

Objectifs stratégiques de l’influence américaine

Selon les câbles révélés par WikiLeaks, cette stratégie poursuivait plusieurs objectifs interconnectés :

Promouvoir la diversité : Les États-Unis mettaient en avant des valeurs de respect des différences culturelles et de réussite pour tous, en partie pour contrer les critiques internationales sur leur politique étrangère, notamment après les guerres en Irak et en Afghanistan. 

Cette promotion visait à améliorer leur image auprès des jeunes, en particulier des populations musulmanes.

Améliorer l’image des États-Unis : Les câbles soulignent une préoccupation explicite de redorer le blason américain auprès des communautés musulmanes en France, affectées par les perceptions négatives liées aux interventions militaires américaines au Moyen-Orient.

Construire un réseau d’influence : En ciblant des jeunes prometteurs, les États-Unis cherchaient à constituer un réseau de leaders pro-américains capables d’influencer les dynamiques politiques et sociales françaises à long terme.

Affaiblir l’exemplarité française : Les documents mettent en lumière une volonté de miner l’image de la France comme modèle universaliste et culturel, particulièrement après son opposition à la guerre en Irak en 2003. 

En amplifiant les failles internes de la société française, les États-Unis cherchaient à réduire son rayonnement moral et intellectuel sur la scène internationale.

Le rôle des organisations non gouvernementales : le cas de l’Open Society Foundations

Parallèlement, d’autres acteurs, comme l’Open Society Foundations de George Soros, ont été associés à des dynamiques d’influence indirecte en France. 

Bien que les preuves soient moins directes, des critiques, relayées notamment par des sources proches de WikiLeaks, suggèrent que des fonds de l’Open Society auraient soutenu des organisations promouvant des discours victimaires, parfois liés au concept d’« islamophobie ». 

Ces discours, selon certains observateurs, pourraient servir à amplifier les tensions sociales et à justifier des positions radicales, bien que ces allégations restent sujettes à débat et manquent de preuves documentaires claires.

Les câbles de WikiLeaks ne mentionnent pas directement l’Open Society dans le cadre de la stratégie des banlieues, mais des révélations ultérieures, comme celles sur le financement d’organisations par l’Open Society, alimentent les spéculations sur une convergence d’intérêts entre certaines ONG et les objectifs géopolitiques américains. 

Par exemple, des documents piratés de l’Open Society, publiés en 2016, ont révélé des financements à des groupes militant pour des causes sociales, ce qui a été interprété par certains comme une tentative d’influencer les dynamiques politiques européennes.

Une menace pour l’unité nationale française ?

Les révélations de WikiLeaks soulèvent des questions sur l’impact de ces ingérences sur l’unité nationale française. 

Les câbles suggèrent que les États-Unis, en exploitant les failles sociales et culturelles de la France, cherchaient à affaiblir le sentiment national pour consolider leur influence géopolitique. 

Cette stratégie s’inscrirait dans un objectif plus large de maintenir la France dans une position de subordination, en synergie avec certains agendas européens visant à limiter les particularismes nationaux au profit d’une gouvernance supranationale.

Recommandations pour contrer les ingérences

Face à ces révélations, plusieurs mesures pourraient être envisagées pour protéger la souveraineté intellectuelle et culturelle de la France :

1. Surveillance des financements étrangers :

Identifier et contrôler les think tanks, fondations et ONG opérant en France avec des financements étrangers, en particulier ceux provenant d’acteurs géopolitiques majeurs comme les États-Unis ou d’organisations comme l’Open Society. 

Une transparence accrue sur les sources de financement est essentielle.

2. Renforcement de l’éducation civique :

Investir dans des programmes éducatifs valorisant l’histoire, la culture et les valeurs républicaines françaises.

3. Contre-influence culturelle :

Développer une diplomatie culturelle proactive pour réaffirmer l’exemplarité du modèle français, basé sur l’universalisme, l’excellence et la créativité, notamment à travers la langue française et les institutions culturelles.

4. Vigilance épistémologique :

Encourager une réflexion critique sur les concepts importés, comme celui d’« islamophobie », pour éviter leur instrumentalisation dans des dynamiques de division sociale ou de victimisation excessive.

Conclusion

Les révélations de WikiLeaks sur la stratégie d’influence américaine dans les banlieues françaises, pilotée par l’ambassadeur Charles Rivkin, mettent en lumière une tentative de soft power visant à exploiter les failles sociales de la France pour servir les intérêts géopolitiques des États-Unis. 

Ces efforts, combinés à l’influence indirecte d’organisations comme l’Open Society, soulignent la nécessité d’une vigilance accrue face aux ingérences étrangères. 

Pour préserver son unité nationale et son rayonnement culturel, la France doit réaffirmer son modèle universaliste, investir dans ses banlieues et promouvoir une souveraineté intellectuelle qui valorise l’excellence et la créativité. 

Ce défi appelle une réponse collective, ancrée dans les principes républicains, pour contrer les dynamiques de division et d’influence externe.