Dans les métaphysiques idéalistes, dans le monde des idées de Platon, les valeurs existent par elles-mêmes, indépendamment de la pensée.

Évidemment, sauf à verser dans ce système selon lequel les idées existeraient en dehors des cerveaux qui les pensent, Il n’existe évidemment pas de valeurs sans organisme.

Rappelons que la valeur d’une chose est nécessairement le résultat de son évaluation, de sa valorisation par un organisme. Il y a des belles choses, qui possèdent la propriété dénommée « beauté ».

Pour autant, sans choses, il n’y a pas de beauté. Ainsi, seuls des organismes vivants sont aptes à évaluer une chose, un processus, un comportement et à les étiqueter comme bénéfiques ou néfastes. Une chose, un processus ou un comportement ne peut être valorisé que relativement à un organisme.

C’est pourquoi, la valeur que l’on attribue aux choses réelles ou abstraites, représente une propriété relationnelle et non intrinsèque. En langage formel, nous dit Mario Bunge, le mot « valeur » pourrait s’intégrer dans la chaine suivante :

X (comportement, chose, processus…) a de la valeur pour l’organisme « B » du point de vue « C » dans la circonstance « D » avec l’objectif « E » et à la lumière de son niveau « F » (Bunge 1989).

Dire que toutes les valeurs sont relationnelles ne revient pas pour autant à affirmer qu’elles sont tout subjectives.

Même si les valeurs ne sont jamais objectives au sens ontologique, cela n’exclut pas qu’elles puissent l’être du point de vue épistémologique. En d’autres termes, il existe des évaluations de comportements, de choses, de processus… intersubjectivement valables.

« Le relativisme ontologique dit seulement que toutes les valeurs de X sont relatives à un organisme qui évalue ce X. » (Mario Bunge)

Il ne dit pas que tous les organismes d’une même espèce ne peuvent pas porter les mêmes évaluations sur des choses, des processus ou des comportements de la même sorte.

Le relativisme ontologique des valeurs n’est incompatible ni avec l’absolutisme culturel ni avec le relativisme culturel. La réalité, c’est que pour les humains ou les organismes, certaines valeurs sont dépendantes des circonstances et locales, tandis que d’autres sont universelles.

Les comportements universellement valorisés sont en premier lieu ceux qui nous permettent de rester en vie, de nous maintenir en bonne santé et de nous soigner.

Pour un lion, la chasse est une valeur, puisqu’elle lui permet de satisfaire ses besoins élémentaires. Un organisme pensant, au delà de ses besoins élémentaires, a des intérêts et des désirs.

Selon Bunge l’intérêt « I » d’un organisme « O » est légitime dans une société « S » si la satisfaction de « I » dans la société « S » ne vient pas porter atteinte aux besoins élémentaires de des autres membres de la société « S ».

Imaginons X, une chose, une propriété d’une chose ou un processus à l’intérieur d’une chose, et C représentant une circonstance (naturelle, sociale…) :

X a une valeur universelle pour les membres d’une espèce E dans les circonstances C si X contribue à satisfaire un besoin primaire/secondaire (rester en vie/se maintenir en bonne santé et se soigner) de tous les membres de E lorsqu’ils sont exposés à des circonstances C.

La satisfaction des valeurs universelles apporte le bien-être physique. X a une valeur relative pour les membres d’une espèce E dans les circonstances C, si X contribue à satisfaire au moins un intérêt légitime de certains membres de E lorsqu’ils sont exposés à des circonstances C.

La satisfaction des valeurs relatives contribue au bonheur. De cette théorie des valeurs, devrait découler le droit moral de permettre aux organismes de réaliser les valeurs universelles et relatives mais également le devoir moral d’aider les autres à réaliser ces mêmes valeurs.

En conclusion, je rappellerai ces mots du Philosophe, Karl Popper :

« Plutôt que lutter pour des valeurs dites supérieures, l’homme politique devrait se contenter de combattre les maux existants » et de « réduire les malheurs évitables »