Le carnage perpétré dans le kibboutz of Kfar Aza illustre l’horreur absolue et le conditionnement criminel des exécutants du Hamas.
Des bébés massacrés, des femmes éventrées, des êtres humains brulés vifs… Même si la cause palestinienne mérite d’être soutenue – le silence de la communauté internationale à ce sujet coupable – absolument rien ne justifie ces atrocités.
Comme ces terroristes ne sont pas des animaux, il a bien fallu que ces tueurs du Hamas s’arment de « rationalisations » pour se convaincre que la commission de telles abominations étaient « voulues » par Dieu.
Où ont-ils puisé ces rationalisations ?
La réponse est malheureusement très simple : dans la partie médinoise du Coran dont certains versets sont univoques et légitiment la violence, ainsi que dans la « Sira » (biographie autorisée) de Mohammed (Mahomet).
Car il faut savoir que la vengeance, la décapitation, la ruse, la guerre, l’assassinat politique…font partie du répertoire coranique ainsi que du corpus des traditions (hadiths) dites « authentiques ».
Mahomet ne permit-il pas la décapitation d’au moins 600 hommes de la tribu juive des Banu Qurayza ?
Ann Swidler, l’une des rares sociologues qui selon mes critères, compte, a développé avec succès le concept très fécond de « répertoire culturel« .
Dans mon livre, je parle de ces « répertoires de rationalisations« . Et justement certaines parties du Coran médinois et certaines traditions forment un sous-répertoire « religieux » à partir duquel les djihadistes, les exterminateurs du Hamas viennent puiser leurs rationalisations, c’est à dire les justifications de leurs actes odieux.
Dans « le Coran expliqué aux jeunes », Rachid Benzine, enseignant à l’IEP d’Aix en Provence à la date de publication de ce livre, nous dit « Si un djihadiste cherche un passage violent (dans le Coran), il le trouvera, et il se dira conforté dans ce qui est en fait sa propre opinion préconçue du Coran. »
Or son opinion préconçue du Coran, c’est que le Coran serait la parole de Dieu éternellement vraie et signifiante.
D’une coté Rachid Benzine refuse catégoriquement de considérer certains versets du Coran comme « dépassés » ou plutôt « caduques » mais de l’autre, face aux versets intolérables, il convoque le contexte.
Face à la question : « Peut-on faire comme si les règles coraniques étaient dépassées et dire qu’elles ne sont plus valables aujourd’hui ? », l’auteur en est finalement réduit à devoir fonder sa réponse sur une simple pétition de principe, un raisonnement circulaire, puisqu’il répond :
« Non. Si l’on dit cela, on laisse croire que le Coran est défaillant ou dépassé. Il faut revenir à l’essentiel, au centre du message : L’affirmation de l’unicité de Dieu souverain. »
Ce type de réponse est assimilable à l’argument de la plupart des religieux et des défenseurs de la tradition, qui, lorsqu’ils sont confrontés à la critique de ceux qui leur opposent des versets coraniques cruels, violents, anti-juifs… déclarent tout simplement, que ces textes doivent être interprétés dans le contexte des circonstances de la révélation, c’est-à-dire de l’époque médinoise principalement.
Or si ces versets sont liés au contexte, ils ne peuvent être éternellement signifiants et sont donc caduques. Ce à quoi, un imam ou un ouléma pourra répondre que dans des circonstances analogues, les verset « en sommeil » pourraient être réactivés.
Ainsi tous ces versets violents, intolérants, vengeurs, cruels…ne seraient pas caduques mais joueraient le rôle d’agents dormants susceptibles de fournir des rationalisations pour commettre des actes cruels lorsque les circonstances l’exigeraient.
Il se trouve que ces passages violents sont toujours attachés à la période médinoise, à cette période où un Mohamed radicalisé et frustré par le refus des tribus juives de Médine de considérer son discours comme s’inscrivant dans la continuité du prophétisme hébreux, exprime ouvertement sa haine des juifs et dans une moindre mesure celle des chrétiens.
Ainsi selon le statut que l’on accorde au Coran et à certains de ses versets et selon le mode d’interprétation choisie, ces versets sont susceptibles d’offrir ou non des rationalisations de nature à soutenir les actes les plus horribles.
Sur les interprétations possibles du Coran, Yadh Ben Achour, professeur en Droit public et philosophie du Droit, spécialiste des idées politiques de l’Islam, s’exprime en ces termes :
« Nous entendons souvent dire que ce salafisme ne représente pas l’Islam, qu’il n’est qu’une déformation, sinon une perversion…Pourtant, si nous voulons analyser avec plus de distance la situation, en nous écartant des points de vue idéologiques, nous aurons tôt fait de constater que la version intégriste représente une interprétation possible du texte fondateur lui-même ainsi que son expression dans l’histoire. Ce point de vue serait même le plus proche de la vérité du texte. »
Aujourd’hui, il n’est guère d’oulémas ou d’imams qui acceptent une interprétation du Coran autre que littérale, l’interprétation littérale limitant le champ des interprétations possibles et par conséquent les risques de division.
Car bien que l’on puisse considérer que l’islam est déjà divisée en plusieurs « mouvements », la phobie de la Fitna (division) est volontairement entretenue par les islamistes et sémiotiquement codée de sorte que les musulmans la perçoivent comme une catastrophe qu’il conviendrait d’éviter.
Par ailleurs, la plupart des musulmans et des oulémas persistant à voir dans le Coran la parole de Dieu, cela confère à ce texte une dangerosité qu’il n’aurait pas si le Coran se voyait appliquer un statut analogue à celui que l’Église catholique confère à la bible.
Rappelons que dans son exhortation apostolique post-synodale « VERBUM DOMINI », le Pape Benoit XVI déclare ceci : « La bible a été écrite par le Peuple de Dieu et pour le Peuple de Dieu, sous l’inspiration de l’esprit Saint »
Ainsi, la bible n’est pas la parole littérale de Dieu et nul théologien catholique n’est par conséquent contraint par une interprétation littérale.
Seuls les évangiles sont considérées comme l’incarnation de la parole de Dieu et l’interprétation non littérale ainsi que l’approche historicocritique sont permises. Quoi qu’il en soit, voir dans les évangiles un répertoire de rationalisations d’actes cruels et violents semble impossible.
Au contraire, proposer une analyse historicocritique de « sa » religion avec un musulman expose souvent celui qui s’y risque à entendre ce type de discours moqueur : « Celui-ci prétend mieux connaître ma religion que moi ».
Or à l’évidence, connaître un objet religieux de l’intérieur ne suffit pas. La mise à distance de cet objet est une nécessité pour celui qui veut le connaître. Et qui est le mieux à même de prendre cette distance si ce n’est un non musulman ?
Côté israélien, la notion de répertoire de rationalisations joue également un rôle important, notamment pour justifier la position des néosionistes religieux qui viennent puiser dans le Tanakh (la bible hébraïque) pour prétendre justifier « religieusement » l’extension du territoire israélien au détriment des palestiniens.
Selon Alain Dieckhoff, « avec l’avènement d’Israël, le sionisme a atteint son objectif principal », l’état d’Israël étant conçu comme l’instrument ayant permis « le rassemblement des exilés »
Aujourd’hui, l’antisionisme n’a plus de sens puisque le projet sioniste tel que l’avait conçu Théodore Herzl est concrétisé.
L’opposition au néosionisme religieux et/ou ultra-nationaliste (chercher à restaurer des frontières bibliques fantasmées) est en revanche est une posture acceptable.
Depuis la création d’Israël deux courants n’ont-ils pas jamais cessé de s’affronter ?
Entre le postsionisme et le néosionisme (le sionisme religieux) il y a un monde, si bien qu’Israël n’a toujours pas de constitution puisque les questions de son identité, de ses valeurs et de ses idéaux continuent de se poser comme je l’expliquais dans un précédent article (lien sur l’illustration ci-dessous).
Aujourd’hui, il est évident que coté israélien, le nationalisme religieux dont le néosionisme est une émanation est le principal obstacle à la coexistence entre deux états, israélien et palestinien.
Bien que les accords d’Oslo et la Déclaration de principes signée à Washington le 13 septembre 1993 en présence de Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien, de Yasser Arafat, président de l’O.L.P., étaient porteurs d’espoir, malheureusement, l’assassinat deux ans plus tard de Yitzhak Rabin par un juif religieux viendra enterrer le processus de paix.
La suite malheureusement on la connait. Les accords d’Oslo furent sabotés par les néosionistes israéliens et comme l’explique l’un des meilleurs observateurs d’Israël :
« En encourageant le développement à Gaza de la branche la plus extrémiste des frères musulmans, Israël a joué avec le feu pendant près de deux décennies », « les gouvernements successifs à Tel-Aviv ayant longtemps cru que le cheik Yassine, fondateur du Hamas, pouvait être « l’antidote à l’O.L.P. ».
Même si le jeu politique israélien et ses composantes ultranationalistes religieuses ne sont pas étrangers à la création du monstre qu’est devenu le Hamas et de son extrême radicalisation, les actes immondes du Hamas sont exécrables et détestables comme l’idéologie islamiste qui les sous-tend.
Et ceux qui les admirent, comme le parti des indigènes, sont de pures vermines.


Très éclairant. Merci
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Très documenté.
Très clair.
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