Les manifestations d’EuroMaïdan de 2013-2014 en Ukraine ont marqué un tournant décisif dans l’histoire du pays, entraînant un changement radical de son orientation géopolitique et contribuant à l’éclatement d’un conflit armé.

Cet article analyse comment les stratégies de l’Union européenne (UE) et des États-Unis (USA), notamment à travers l’expansion de l’OTAN, de l’UE, et les pressions économiques, ont semé les graines de la guerre en Ukraine.

En examinant les événements clés, les déclarations officielles et les politiques mises en œuvre, nous cherchons à mettre en lumière les intérêts complexes qui ont alimenté cette crise.

Une question centrale se pose : le bouleversement de 2014 doit-il être qualifié de révolution ou de coup d’État ? Ce texte invite le lecteur à réfléchir sur les responsabilités des acteurs internationaux et leurs conséquences dramatiques.

Selon Zbigniew Brzezinski, un stratège néoconservateur influent dont les idées ont marqué la politique étrangère américaine, l’espace post-soviétique, en particulier les anciennes républiques de l’URSS, constitue un « vaste trou noir » à la fois dangereux et riche en ressources, notamment en hydrocarbures.

Dans son édition de juillet 2004, Le Monde diplomatique résumait ainsi cette vision :

Une Russie désorientée serait définitivement exclue de l’Ukraine, du Caucase et de l’Asie centrale, des régions dont les hydrocarbures seraient exportés hors de son contrôle. Cela créerait un équilibre géopolitique plus favorable à l’Occident.

Les républiques du nord du Caucase, ces petites enclaves ethniques encore sous influence russe, pourraient être affranchies de la domination de Moscou.

De plus, les deux Azerbaïdjans (celui de l’ex-URSS et celui d’Iran) pourraient potentiellement être réunis.

Cette analyse reflète une stratégie occidentale visant à réduire l’influence russe dans son ancien espace soviétique, en favorisant une intégration des pays voisins à l’UE et à l’OTAN.

Le monde diplomatique en Juillet 2004 résumait ainsi la pensée de ce néoconservateur américain :

Mal désoviétisée, la Russie devrait être définitivement séparée de l’Ukraine, refoulée du Caucase et de l’Asie centrale, dont les hydrocarbures seraient exportés hors de son contrôle.

Moscou affaibli, l’équilibre géopolitique serait plus favorable.

On pourrait affranchir les républiques nord-caucasiennes, cette « constellation de petites enclaves ethniques encore sous domination russe ».

« Les deux Azerbaïdjan (ex-URSS et Iran) se réunifieraient ».

Cette analyse reflète une stratégie occidentale visant à réduire l’influence russe dans son ancien espace soviétique, en favorisant une intégration des pays voisins à l’UE et à l’OTAN.

Dès 1992, c’est à dire au lendemain de l’effondrement de l’URSS, la stratégie américaine pour l’Europe était la suivante :

  • Élargissement de l’Otan et de la Communauté éconmique européenne (CEE) vers l’Est
  • Œuvrer contre une trop forte intégration des douze ayant pour effet de compromettre l’intégration des pays de l’Est.
  • Empêcher les douze de mettre en place un système autonome de défense européen.

La question de l’élargissement de l’OTAN vers l’Est appartient donc à un agenda ancien.

Un document déclassifié datant du 9 février 1990 rapporte une promesse informelle faite par le secrétaire d’État américain James Baker au dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev lors des négociations sur la réunification allemande :

« Si nous maintenons une présence dans une Allemagne membre de l’OTAN, il n’y aura pas d’extension de la juridiction de l’OTAN d’un seul pouce vers l’Est. »

Bien que cette assurance n’ait pas été formalisée dans un traité, elle a été perçue comme un engagement moral par la Russie, alimentant les accusations de « promesses trahies » face à l’élargissement ultérieur de l’OTAN vers les pays de l’ancien bloc soviétique.

D’ailleurs, le 4 avril 2008, lors de la session du Conseil OTAN-Russie à Bucarest, le président russe Vladimir Poutine s’opposa fermement à l’élargissement de l’OTAN, perçu comme une provocation visant à préparer le terrain pour une intégration à l’UE.

La guerre russo-géorgienne d’août 2008, qui éclata dans les régions séparatistes d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie, fut une conséquence logique de ces tensions, bien que le conflit ait des racines historiques plus profondes, notamment les relations tendues entre la Russie et ces régions, exacerbées par l’orientation pro-occidentale du président géorgien Mikheil Saakachvili.

En définitive, le sommet de Bucarest, où l’OTAN promit un futur élargissement à l’Ukraine et à la Géorgie, joua un rôle de catalyseur.

Discours de Georges Bush

5 ans plus tard, en 2013, la Communauté des États indépendants (CEI), regroupant 12 anciennes républiques soviétiques actives, ambitionnait de se transformer en une union douanière, à l’image de la Communauté économique européenne.

Alors que l’Ukraine s’apprêtait à renforcer ses liens économiques avec la Russie, des oligarques ukrainiens, menés par Petro Porochenko, l’une des plus grandes fortunes du pays, plaidèrent pour un accord d’association avec l’UE.

C’est ainsi que lorsqu’il fut nommé ministre du commerce, Porochenko négocia ce projet d’association qualifié de « plus ambitieux accord bilatéral » jamais signé par l’UE, lequel se traduisait par une baisse de 99% des droits de douane.

L’UE exigeait qu’elle choisisse entre son accord de libre-échange approfondi et complet (DCFTA) et l’union douanière avec la Russie, présentant cette décision comme un choix exclusif entre deux blocs géopolitiques.

Sur le plan économique, l’Ukraine traversait une année difficile. C’est pourquoi le président Viktor Ianoukovytch demanda une aide annuelle de 20 milliards d’euros à l’UE, qui ne proposa que 610 millions d’euros, conditionnés à des réformes, le président français François Hollande ayant répondu : « Nous n’allons pas payer l’Ukraine pour qu’elle signe l’accord d’association »(The Telegraph, 29/11/2013)

Ainsi en 2013, l’Ukraine se retrouvait donc face à un dilemme aux conséquences dramatiques.

Vladimir Poutine considérait qu’ « un accord de libre-échange Ukraine-UE représenterait une grande menace pour la Russie et déboucherait sur une hausse du chômage  » et posa la question suivante : « Devons-nous étrangler des pans entiers de notre économie pour que l’Europe nous apprécie ? (BBC 26.11.13)

Aussi, Ianoukovytch proposa un accord trilatéral incluant la Russie pour éviter d’exclure l’un des deux partenaires, mais l’UE, représentée par Barroso, rejeta cette proposition, déclarant : « Lorsque nous signons un accord bilatéral, nous n’avons pas besoin d’un traité trilatéral. »

Finalement, la Russie offrit à l’Ukraine une aide de 15 milliards de dollars et une réduction du prix du gaz, formalisées dans un accord signé par Ianoukovytch le 17 décembre 2013. Cependant, Petro Porochenko et d’autres oligarques pro-UE poursuivirent une autre voie, plaidant pour l’intégration européenne.

Malheureusement l’histoire ne s’est pas arrêtée là. Porochenko en décida autrement.

A cet stade, il convient d’examiner la thèse selon laquelle, les EU et surtout les USA manipulèrent le pouvoir contestataire des Pro-UE et créèrent le mouvement EuroMaïdan financé en partie par le ministre oligarque, Petro Porochenko.

Le 7 février 2014, le Kyiv Post, un journal Ukrainien pro-occidental faisait état d’un sondage basé sur un échantillon représentatif de 2600 personnes, selon lequel 48 % ne souhaitaient pas de rapprochement entre l’Ukraine et l’Europe et ne soutenaient pas le mouvement « EuroMaïdan » contre 45 % des sondés qui supportaient les manifestations.

Coup d’État ou révolution ?

Lorsqu’un gouvernement, supporté par la moitié de la population, et contesté par l’autre moitié, est renversé par l’usage de la violence, doit-on parler de « Révolution » ou de « Coup d’État » ?

Si les Gilets jaunes en France avaient renversé le gouvernement, la communauté internationale aurait-elle salué une révolution ?

La manipulation des mouvements contestataires, théorisée lors de la guerre du Kosovo dans les années 1990, semble s’être répétée en Ukraine.

EuroMaïdan, alimenté à la fois par un mécontentement populaire sincère et par des influences extérieures, a conduit à un changement de pouvoir violent, soulevant des interrogations sur le rôle des acteurs étrangers dans la destinée de l’Ukraine.

Avioutskii, Viatcheslav dans son article « La Révolution orange en tant que phénomène géopolitique », Hérodote, vol. 129, no. 2, 2008, pp. 69-99, écrit ceci en parlant de la révolution dite « orange » de 2004 :

« L’opposition a pu compter sur l’aide des ONG et fondations occidentales « spécialisées » en révolutions de velours telles Freedom House et la fondation Open Society Institute de George Soros, mais aussi des think tanks américains comme le National Democratic Institute (NDI), dépendant du Parti démocrate, ou encore l’International Republican Institute (IRI), lié au Parti républicain.

Ces organisations avaient de nombreux relais sur place parmi lesquels figure l’acteur le plus important – le mouvement étudiant Pora. Au-delà de cette influence indirecte, les États-Unis et l’Union européenne ont utilisé des canaux officiels pour exercer une forte pression afin que les élections se déroulent honnêtement. Le président polonais Aleksander Kwas´niewski et son homologue lituanien Valdas Adamkus, accompagnés de Javier Solana, ont été appelés à offrir leur médiation durant la crise de novembre 2004. »

Il conclut : « Il est indéniable que les campagnes organisées par les mouvements de jeunesse, comme Pora, se sont révélées efficaces dans la transformation politique de l’espace postcommuniste.

Elles s’appuient sur des militants formés et financés par des ONG et des fondations essentiellement américaines qui mettent à leur disposition un canevas intellectuel, des formations pratiques et d’importants moyens financiers et matériels.

Ces organisations de jeunesse qui agissent par-delà les frontières et constituent de ce fait des mouvements transnationaux remettent en cause le principe de souveraineté nationale qui dominait auparavant l’analyse géopolitique classique. Les États-Unis s’avèrent être les pionniers en la matière, même s’ils n’ont pas le monopole de ce principe. »

La transcription ci-dessous d’une interview de Georges Soros par CNN démontre qu’effectivement les US n’ont jamais cessé d’agir sur l’opinion publique ukrainienne.

ZAKARIA: « D’abord sur l’Ukraine. L’une des choses que beaucoup de gens ont reconnues à votre sujet, c’est que vous, pendant les révolutions de 1989, avez financé de nombreuses activités dissidentes, des groupes de la société civile en Europe de l’Est et en Pologne, en République tchèque. Faites-vous des choses similaires en Ukraine ? »

SOROS :  « Eh bien, j’ai créé une fondation en Ukraine avant que l’Ukraine ne devienne indépendante de la Russie.

Et la fondation fonctionne depuis. Et cela a joué un – un rôle important dans les événements maintenant. » (Il parle des évènements de Maïdan).

Victoria Nuland, la célèbre sous-secrétaire d’État américaine qui prononça le fameux « Fuck the EU », révélait le 13 décembre 2013 devant la fondation US-UKRAINE que les États Unis avaient dépensé 5 milliards de dollars pour aider les ukrainiens à « satisfaire » leurs « aspirations », à savoir se détourner de la Russie pour rejoindre l’Occident.

Le 7 février 2014, BBC NEWS reproduisait la transcription d’une conversation entre Victoria Nuland et l’Ambassadeur US en Ukraine et titrait : « la fuite de la conversation téléphonique de Victoria Nuland (avec l’ambassadeur américain en Ukraine) montre la mainmise des US sur l’Ukraine »

Cliquez pour accéder à l’article de la BBC

On y entend Victoria Nuland échanger avec l’Ambassadeur américain en Ukraine et proférer son célèbre « Fuck the UE ».

La transcription de cette conversation met en scène une V. Nuland qui bloque un candidat pour le poste de premier ministre et choisit seule son candidat qui sera effectivement désigné 1er ministre par la suite.

Ci-dessous, un extrait de la fameuse transcription de la conversation de V. Nuland avec l’ambassadeur des US en Ukraine (Pyatt) :

Nuland: Je ne pense pas que Klitsch (l’actuel Maire de Kiev et ancien boxeur, Wladimir Klitschko) devrait entrer dans le gouvernement, ce n’est pas nécessaire, je ne pense pas que ce soit une bonne idée.

Pyatt: Oui. Je suppose… en cette matière qu’il n’entre effectivement pas dans le gouvernement, laissez-le simplement rester dehors et faire ses devoirs politiques et tout.

Je pense juste en termes de sorte de processus qui va de l’avant, nous voulons garder les démocrates modérés ensemble.

Le problème va être Tyahnybok [Oleh Tyahnybok, l’autre chef de l’opposition] et ses gars et je suis sûr que cela fait partie de ce que [le président Viktor] Ianoukovitch calcule sur tout cela.

Nuland: Je pense que Lats (Latseniouk) est le gars qui a l’expérience économique, l’expérience de gouvernance. Il est le… ce dont il a besoin, c’est de Klitsch et de Tyahnybok à l’extérieur.

Il doit leur parler quatre fois par semaine, tu sais. Je pense juste que Klitsch entre… il va être à ce niveau en travaillant pour Yatseniuk, ça ne marchera tout simplement pas.

Pyatt: Ouais, non, je pense que c’est vrai. D’ACCORD. Bien. Voulez-vous que nous organisions un appel avec lui comme prochaine étape ? »

John McCain, Victoria Nuland, Pyatt à Kiev lors du coup d’État de Maïdan

Justement, le 27 février 2014, cinq jours après la destitution du président Ianoukovytch, dont l’élection avait été certifiée par l’OSCE, Latseniouk est nommé premier ministre.

Victoria Nuland, nomme donc le Premier ministre ukrainien, au moins 3 semaines avant que la chute supposée non programmée président régulièrement élu se produise.

Par la suite, des personnes nées à l’étranger se verront attribuer la nationalité Ukrainienne juste quelques heures avant leurs prises de fonction de sorte à intégrer le nouveau gouvernement.

Le journal « Le Monde » rapportera le 2 décembre 2014 ce qui suit :

« Cette équipe comporte une surprise de taille et une nouveauté : trois étrangers y prennent des responsabilités de premier ordre.

Le ministère des finances est attribué à Natalia Iaresko, ressortissante américaine d’origine ukrainienne, qui a fait une partie de sa carrière au département d’Etat, le ministère des affaires étrangères américain, avant de travailler dans le privé » où elle supervisera un fonds de capital-investissement créé par le gouvernement américain pour investir dans le pays, et sera PDG d’Horizon Capital, une société d’investissement qui administre divers investissements occidentaux dans le pays

Un Lituanien, Aïvaras Arbomavitchous, ancien champion de basket mais surtout dirigeant de la filiale kiévienne du fonds d’investissement East Capital, est nommé à l’économie.

Enfin Sandro Kvitachvili, ancien ministre géorgien de la santé et du travail, prend le ministère de la santé, un poste important tant le système de santé ukrainien est miné par la corruption.« 

Le Monde poursuit : « Ces trois entrées détonnantes sont une initiative du président Porochenko, qui a réservé aux « étrangers », comme les désigne déjà la presse ukrainienne, une partie des postes qui revenaient à son parti.

Les décrets de naturalisation ont été pris en urgence, mardi. »

Sur la conversation entre Nuland et l’Ambassadeur, l’article de la BBC précisera :

« le gros de la conversation montre que les US manipulent l’Ukraine autant que le fait la Russie, et c’est là le vrai désastre diplomatique »

Ce que révèle cet enregistrement, c’est que Victoria Nuland semble considérer que la chute du Président en exercice est acquise.

Une telle certitude pourrait s’expliquer soit une intelligence de l’histoire et des évènements, soit plus simplement parce qu’un plan a été élaboré à cet effet.

Ceux qui pourrait douter qu’un tel plan ait pu être envisagé et seraient tentés de considérer cette hypothèse comme complotiste, ne sont certainement pas familiers avec le concept de « regime change » qui est devenu une spécialité des US au soutien de laquelle la division des « opérations psychologiques » est mobilisée.

A titre d’exemples, sur la mise en application pratique des techniques de « regime change » des US, l’article ci-dessous recense 7 gouvernements étrangers qui furent renversés au moyen d’opérations menées par la CIA.

Rétrospectivement, le Think Tank CATO INSTITUTE déclarait en 2017 concernant les évènement de Maïdan de 2014 : « L’ampleur de l’ingérence de l’administration Obama dans la politique ukrainienne était à couper le souffle. »

Un deuxième élément vient étayer la thèse de l’orchestration du coup d’État, il s’agit de la mise en œuvre d’une opération de type « false flag », « fausse bannière » en français.

Concrètement, des snipers tirèrent sur la foule avec des balles réelles provoquant la mort de nombreux manifestants.

L’opinion publique considéra que les forces gouvernementales étaient responsables de ce massacre de civils et que le Président Ianoukovytch avait lui-même ordonné de tirer sur la foule.

Non seulement la communauté internationale fut outrée par ces tirs sur la foule mais surtout, des Ukrainiens de l’Ouest qui à l’origine n’étaient pas pro-EU basculèrent dans le mouvement pro-Euromaïdan.

Finalement le président ukrainien sera démis par le parlement, bien que la loi constitutionnelle ne le permettait pas, et ce, en l’absence de vote des députés élus de son propre parti.

Depuis, des chercheurs ont travaillé sur les images et en particulier un chercheur ukro-canadien qui décrit son étude comme il suit :

« Cette étude analyse les révélations du procès et de l’enquête en Ukraine concernant le massacre qui a eu lieu à Kiev le 20 février 2014.

Ce massacre de manifestants et de policiers sur le Maïdan a conduit au renversement du gouvernement de Ianoukovitch et finalement à l’annexion russe de la Crimée, la guerre civile et les interventions militaires russes dans le Donbass, ainsi que les conflits entre l’Ukraine et la Russie et la Russie occidentale que la Russie a aggravés en envahissant illégalement l’Ukraine en 2022.

La majorité absolue des manifestants blessés de Maïdan, près de 100 témoins à charge et à décharge, des vidéos synchronisées et des informations médicales et médicales, les examens balistiques effectués par des experts gouvernementaux ont montré sans équivoque que les manifestants de Maïdan ont été massacrés par des tireurs d’élite situés dans des bâtiments contrôlés par Maïdan.

Cliquer pour accéder au livre

Cependant, à ce jour, en raison du caractère politiquement sensible de ces découvertes et de cette dissimulation, personne n’a été condamné pour ce massacre.

L’article discute des implications de ces révélations pour la guerre entre l’Ukraine et la Russie et pour l’avenir des relations russo-ukrainiennes.

La conclusion de ce chercheur qui a peiné à s’imposer mais qui fait désormais l’objet d’un consensus, c’est que les tirs adressés à la foule provenait de bâtiments contrôlés par les pro-maïdan.

Ainsi, la réalité de l’opération « false flag », « fausse bannière » est raisonnablement établie.

On peut par conséquent parler d’un véritable coup d’État, d’une opération de « regime change ».

Les US ont-ils validé l’opération « fausse bannière » et participé à l’organisation du coup ?

Cliquez sur l’image

En 2014, une fuite téléphonique entre la cheffe des Affaires étrangères de l’UE Catherine Ashton et le ministre estonien des Affaires étrangères Urmas Paet a révélé que ceci avaient discuté d’une possible opération fausse bannière.

La conversation de 11 minutes fut publiée sur YouTube.

Lors de cet appel, Paet déclare qu’on lui avait dit que les tireurs d’élite responsables des meurtres de policiers et de civils à Kiev le mois dernier étaient des provocateurs du mouvement de protestation plutôt que des partisans du président de l’époque, Viktor Ianoukovitch.

Ashton répond : « Je ne savais pas… Mon Dieu. » « Il y a donc une compréhension de plus en plus forte que derrière les tireurs d’élite, ce n’était pas Ianoukovitch, mais quelqu’un de la nouvelle coalition », dit Paet.

Les événements survenus le 31 juillet 2015 ont montré que certains militants d’extrême droite soutenant le mouvement pro-Maidan étaient capables de commettre des actes de violence, y compris en lançant une grenade sur des foules ukrainiennes partageant les mêmes idées.

Ainsi, en 2014, il est raisonnable de supposer que ces individus n’avaient pas davantage de scrupules qu’un an plus tard, en 2015.

Aujourd’hui, à la lecture des éléments ci-dessus, il est donc difficile de balayer d’un revers de main l’hypothèse d’un coup d’état orchestré par les US ou ayant au moins reçu l’assentiment de Washington.

L’ingérence américaine, elle, ne fait strictement aucun doute.

Le 15 décembre 2013, le sénateur McCain se permet de s’adresser directement à la foule des protestataires.

Quatre jours auparavant, la sous-secrétaire d’État, Victoria Nuland, distribue des sandwiches aux protestants et ce au cœur de Kiev, de la même manière qu’elle aurait pu le faire aux gilets jaunes qui voulaient prendre d’assault l’Elysée.

Ces actions symboliques ne furent pas gratuites. Elles visèrent à faire passer un message fort à la foule, à savoir

« les US vous soutiennent et continueront à vous soutenir« .

Aujourd’hui, l’analyse rétrospective des faits démontre que sans l’effet des groupes violents qui s’agrégèrent à la foule des manifestants et sans l’effet produit par l’opération false Flag, le Président Ukrainien n’aurait pas été déposé.

Quelques semaines avant la chute du Président, Victoria Nuland procède comme si celle-ci était irrémédiablement acquise, ce qui tend à accréditer l’idée d’une opération de « regime change » orchestrée par les États Unis, et ce, d’autant, que ce type d’opérations fut fréquemment pratiqué par les US.

Pourtant, un accord négocié par l’UE le 21 février 2014 prévoyait de nouvelles élections en décembre 2014, une amnistie pour les manifestants et le rétablissement de la constitution de 2004.

Les trois signataires de l’opposition étaient Vitali Klitschko, que la sous-secrétaire d’État américaine Victoria Nuland ne souhaitait pas voir devenir Premier ministre ; Arseniy Iatseniouk, son candidat préféré ; et Oleh Tyahnybok, leader du parti ultranationaliste Svoboda, connu pour ses positions antisémites.

Le lendemain, le président démocratiquement élu Viktor Ianoukovytch fut destitué dans ce que certains qualifient de coup d’État. Conformément aux préférences de Nuland, exprimées dans une conversation téléphonique interceptée en février 2014 (« Yats is the guy »), Iatseniouk fut nommé Premier ministre.

Le lendemain de cet accord le Président régulièrement élu sera déposé et le 27 février 2014, cinq jours après la destitution du Président, Arseniy Yatsenyuk, conformément à la décision de Victoria Nuland, sera effectivement nommé Premier ministre.

Fin 2013, le sénateur américain John McCain fut critiqué pour avoir rencontré des leaders de l’opposition, y compris Tyahnybok, dont le parti Svoboda prônait l’inscription de l’ethnicité sur les passeports et utilisait des termes péjoratifs pour désigner les Russes, les Allemands, les Juifs et d’autres, accusés de vouloir « prendre possession de la nation ukrainienne ».

La suite on la connait.

Dès le 13 mai 2014, le journaliste John Pilger alertait dans The Guardian : « En Ukraine, les États-Unis nous entraînent vers une guerre avec la Russie. »

Cliquez sur la photo pour accéder à l’article

Le 21 avril 2010, le journal « Le Figaro » rapportait « qu’en contrepartie d’un accord sur le prix du gaz russe, l’Ukraine permet(tait) à la Russie d’asseoir sa présence militaire sur la mer Noire. »

Sachant que Sébastopol abrite la flotte russe, puis soviétique, de la mer Noire depuis la fin du XVIIIe siècle, nul besoin d’être un grand stratège pour comprendre que le coup d’État de Maïdan et les accords avec l’OTAN menaçait la pérennité de cette base navale stratégique.

L’annexion de la Crimée russe était donc éminemment prévisible.

A la lecture de ces éléments, il est difficile de ne pas entrevoir la responsabilité de l’UE et des US dans ce conflit.

Le réel existe et son examen démontre que la gouvernance européenne, l’expansionnisme néoeuropéiste, l’avidité de la commission européenne, l’intransigeance de José Manuel Durao Barroso, de ses donneurs d’ordre, l’ingérence américaine sont à l’origine de la mort de centaines de milliers d’ukrainiens et de russes.

Le 25 février 2022, le lendemain de l’intervention russe, la dotation nationale pour la démocratie (NED : National Endowment for Democracy) s’empressa de supprimer la trace de l’ensemble des actions qu’elle avaient menées en Ukraine.

Une copie de la version du site de la NED avant l’effacement des dossiers est cependant disponible en cliquant sur le lien ci-dessus :

En conclusion, nous invitons le lecteur à méditer sur les mots du philosophe Karl Popper, apparemment mal compris par son ancien élève George Soros, dont les Open Society Foundations ont soutenu des mouvements pro-« démocratie » en Ukraine :

« Plutôt que lutter pour des valeurs dites supérieures, l’homme politique devrait se contenter de combattre les maux existants » et de « réduire les malheurs évitables ».

Extrait de «la Société ouverte et ses ennemis »

Vidéo supplémentaire 👇

Le 5 février 2015, devant le Chicago Council on Global Affairs, George Friedman, le fondateur de l’agence en renseignement géostratégique et économique, Strategic Forecasting (plus connue sous le nom de Stratfor ) déclarait ceci :

« Depuis au moins un siècle, la principale préoccupation des US est la relation Allemagne-Russie. »

« Unies », ces nations seraient la seule force capable de menacer les États Unis, et « nous devons nous assurer que jamais cette union puisse devenir une réalité »