Depuis plusieurs décennies, l’OTAN ne cesse d’agir dans l’illégalité.

Pour vendre aux populations abêties ses guerres illégales, l’OTAN a trouvé une rationalisation bien commode, en soutenant qu’elle aurait le droit de bombarder tous les pays qui ne sont pas des démocraties.

L’Amérique et le Royaume Uni se sont ainsi arrogés le droit de renverser des gouvernements lorsque ces derniers contrarient leurs intérêts ou entravent la poursuite de leurs intérêts géoéconomiques..

L’argument des valeurs et des droits humains, que ces pays sont les premiers à négliger (cf. Rwanda) lorsque la défense de leurs intérêts bien compris (cf. Coltan en RDC) sont en jeu, est un paravent qui cachent le plus souvent des intérêts géoéconomiques qu’ils ne veulent pas avouer.

La Syrie subit aujourd’hui les effets de ce type de postures.

Cinq ans avant le début du conflit, des manœuvres de déstabilisation étaient déjà menées par les USA et le Royaume Uni pour produire le changement de régime envisagé dès la fin de l’année 2006.

C’est ce que rapportait le général Wesley Clark lors d’une conférence donnée à San Francisco le 3 octobre 2007, dont nous avons rapporté les termes ci-après :

« Ces gens ont pris le contrôle de la politique des États-Unis, et j’ai compris alors. Je me suis souvenu d’une réunion que j’avais eue avec Paul Wolfowitz en 1991. »

En 2001, il était vice-secrétaire à la Défense, mais en 1991, c’était le sous-secrétaire, soit le numéro 3 au Pentagone.

Il m’avait dit alors : « Nous avons 5 ou 10 ans pour nettoyer tous ces régimes favorables à l’ex-Union soviétique, la Syrie, l’Iran, l’Irak, avant que la prochaine superpuissance n’émerge pour nous défier. »

C’était une déclaration stupéfiante : l’armée servirait à déclencher des guerres et à faire tomber des gouvernements et non pas à empêcher les conflits. Nous allons envahir des pays. Mes pensées se bousculaient. « J’ai mis ça de côté, c’était comme une pépite que vous conservez. »

En 2013, Roland Dumas, ancien ministre des affaires étrangères français, révélait que deux ans avant le début des hostilités, le Royaume-Uni uni préparait la guerre à venir en Syrie en formant les futurs rebelles.

Et pour faire tomber le régime de Bachar El Assad qui assurait pourtant la stabilité de la Syrie, les USA, la France, le Royaume-Uni et la Turquie trouvèrent deux alliés de choix, le Qatar et l’Arabie Saoudite.

Nous ne développerons pas ici les sous-jacents géoéconomiques comme la volonté ancienne du Qatar de faire passer un oléoduc par la Syrie pour faire transiter son gaz vers l’Europe, qui incitèrent certains États à soutenir le projet de renversement de Bachar Al-Assad.

Il faut savoir que ce sont les Britanniques et les Américains qui organisèrent les insurgés islamistes et les formèrent pour entamer une guerre civile censée servir leurs intérêts et surtout pas ceux des Syriens qui avant ce conflit terrible vivaient paisiblement.

Dans le rapport ci-dessous, Shri VP Haran, l’ambassadeur indien en Syrie de 2009 à 2012, écrit :

« Il a fallu beaucoup de persuasion et l’implication de forces extérieures pour que le feu s’allume en Syrie à la mi-mars 2011. »

Comme souvent, les médias, et en l’espèce Al Jazzera à la solde du Qatar, fabriquèrent les événements. On conduisit « des bus pleins de monde jusqu’à Alep » où « on fit brûler quelques objets dans les rues ».

Le décor planté et les actions mises en scène, il ne restait plus qu’à les filmer, puis à les diffuser sur les chaines de télévision, attiser la tension et susciter l’émoi international.

On appelle cela l’astroturfing, un mot que tout citoyen qui se veut éclairé doit connaître par cœur.

L’astroturfing peut être défini comme « une technique consistant en la simulation d’un mouvement spontané ou populaire à des fins d’ordre politique ou économique pour influencer l’opinion publique », le contraire du mouvement des gilets jaunes.

On inventa ainsi une « révolution syrienne » du même acabit que les révolutions orange, qui en 2004 en Ukraine fut rendue possible par le travail assidu de 150 organisations qui fournirent à la minorité contestataire un soutien financier considérable », parmi lesquelles les ONG suivantes : Freedom House, Open Society Institute, lNational Democratic Institute (NDI) ou International Republican Institute (IRI)…

https://shs.cairn.info/revue-herodote-2008-2-page-69?lang=fr

En Syrie, en appliquant les recettes classiques, à savoir l’instrumentalisation du pouvoir contestataire, la formation de rebelles islamisés et une petite pincée d’opérations false flag, le tour habituel était joué.

Entre temps, les chefs salafistes du monde arabe vociféraient : « Les chrétiens à Beyrouth, les alaouites au cimetière ». On connait le sort des Chrétiens que cette guerre illégale réserva à cette minorité.

On inventa ensuite le terme de « rebelles modérés » comme pour justifier leur soutien. Et pourtant, en mai 2016, Seymour Hersh déclarait : « Nous armons encore des gens dont nous nous persuadons qu’ils ne sont pas salafistes ».

Au même moment, une représentante du Congrès américain Tulsi Gabbard critiquait le fait que « la CIA et les USA essayaient de renverser le gouvernement d’Assad » et exigeait qu’on « mette fin à cette guerre illégale » pour se concentrer sur la lutte contre les groupes armés islamistes.

Dans ce document de la DIA (Defense Intelligence Agency) que j’offre au lecteur, on comprend que l’OTAN coopérait avec les djihadistes en connaissance de cause.

 Pg.-291-Pgs.-287-293-JW-v-DOD-and-State-14-812-DOD-Release-2015-04-10-final-version11.pdf

L’ancien directeur de la DIA, le général Michaël Flynn confirmera que les USA avaient choisi en pleine conscience de travailler avec les djihadistes simplement pour obtenir le renversement du régime d’Assad.

Philip Giraldi, ancien analyste de la CIA, révélera que dès décembre 2011, l’OTAN opérait secrètement en Syrie et que des avions militaires de l’OTAN banalisés « atterrissaient sur des aéroports turcs près de la frontière syrienne et livraient du matériel provenant de l’arsenal militaire libyen ».

Encore une fois, non seulement l’élimination de Kadhafi avait généré le chaos en Lybie, malheureusement, mais créa un véritable désastre en Syrie.

En été 2012, le triste prix Nobel de la Paix, Barack Obama, déclarait qu’il avait autorisé la CIA à soutenir les rebelles syriens alors que Der Spiegel rapportait que d’anciens militaires des SAS britanniques formaient les djihadistes en Irak à proximité de la frontière syrienne.

En mars 2013, le New York Times confirmait que des armes du Qatar et de l’Arabie Saoudite étaient livrées en Turquie et en Jordanie pour être ensuite transportées à la frontière syrienne.

Bref, tout ce petit monde bien pensant se préparait à générer des montagnes de cadavres.

Finalement, les USA auront ici reproduit la même funeste méthode consistant à rendre puissants les ennemis de ses ennemis, quand bien même ceux-ci sont ces mêmes islamistes prêts à saisir toutes les occasions pour frapper l’Amérique et ses vassaux va-t-en-guerre.

Ce qui est dommage, c’est que la France n’a toujours pas compris que l’Anglo-saxon n’est ni un compétiteur qui par définition respecterait les règles du jeu, ni son ami, ni son ennemi, mais un adversaire (qui ne respecte pas les règles) redoutable qui l’affaiblit et la souille.

Le début de la fin pour la France fut cette guerre illégale du Kosovo contre nos amis serbes que, minablement et servilement, elle osa soutenir.