Le mot « Islamophobie » est volontairement ambivalent, il est conçu pour générer une confusion volontaire entre les croyants et leur croyances et interdire de fait la critique de croyances, de superstitions ou de normes religieuses à vocation sociétale.

Le 15 mars 2022 le représentant de l’Etat Français s’exprimait avec justesse, devant l’assemblée plénière des nations unis sur le concept d’islamophobie.

Le rapport de l’ONU (consultable dans son intégralité sur le site de l’ONU) résume ainsi la position française :

Appuyer ici pour accéder au communiqué de presse

« Le représentant de la France a réaffirmé lutter de façon indiscutable contre toutes les formes de discrimination.

Il a relevé que le terme d’islamophobie ne fait l’objet d’aucune définition agréée en droit international, contrairement à la liberté de religion ou de conviction.

Or c’est cette liberté que défend la France, au même titre que toutes les libertés publiques, par exemple la liberté d’expression ou la liberté de conviction.

Cette formule laisse également penser que c’est la religion qui est protégée en tant que telle, et non les croyants, or, c’est bien la liberté de croire, de ne pas croire ou le droit de changer de religion que nous devons promouvoir, a expliqué le représentant.

Par ailleurs, a-t-il expliqué, en créant une Journée internationale pour combattre l’islamophobie, la résolution ne répond pas à la préoccupation, que nous partageons tous, de lutter contre toutes les formes de discrimination, car elle segmente la lutte contre l’intolérance religieuse, en ne sélectionnant qu’une religion à l’exclusion des autres, sans référence à la liberté de croire ou de ne pas croire. »

Doit-on donc s’attendre à la création de journées dédiées à chaque religion, à chaque degré de croyance ou de non-croyance? s’est-il interrogé, faisant remarquer que « le calendrier risque de n’y pas suffire », alors que nous avons adopté il y a quelques mois une résolution à la mémoire des victimes de discriminations fondées sur la religion ou la conviction. »

La position française est selon moi parfaitement juste et équilibrée.

Il est normal que l’on puisse critiquer les croyances religieuses et ainsi le christianisme, le judaïsme ou l’Islam, surtout quand une certaine version de l’islam entend imposer ses normes et ses superstitions à la société.

Car en réalité, il n’y a pas UN islam mais plusieurs représentations de l’islam qui s’entrechoquent.

Certaines de ces représentations comme celle de Mahmoud Mohammed Taha sont éclairées, tolérantes et délestées des superstitions et des fantasmes qui plombent l’humanité.

D’autres sont réellement critiquables voire détestables à certains égards.

Je veux parler de cet islam normatif suprémaciste nourri de Hudûd (peines cruelles), de littéralité, de hadiths, de mœurs d’un autre temps, de superstitions et attachée au respect de la charia.

Or les éléments de cette islam-là, viennent remplir un certain répertoire, de superstitions enfantines, parfois de scripts homophobes, violents, antijuifs, anti mécréants, sexistes …, répertoire dans lequel, certains esprits viennent malheureusement trop facilement puiser.

Autre point fondamental, la Fitna, c’est-à-dire la division entre les croyants.

Celle-ci est présentée à dessein par les adeptes de cet islam normatif comme un véritable sacrilège, le pire des péchés ou des catastrophes, de sorte à dissuader les musulmans de critiquer cette charia intolérante, ces hadiths d’un autre temps, et certaines superstitions infantiles.

En préparant le terrain de la culpabilisation des modérés, des soufistes, les partisans suprémacistes de cet islam normatif des hadiths poussés par les systèmes d’action de type frériste, évitent de se voir opposer la disqualification de cette version de l’islam qu’ils s’efforcent de faire avancer.

Comment un musulman perméable à cette vision normative de l’islam qui n’a de cesse d’exhiber publiquement ses normes, persuadé que la charia est parfaite, peut-il condamner les agissements qui s’inscrivent dans cette vision manichéenne du monde véhiculée par la charia et par son corpus de hadiths prétendument authentiques qui statue aussi bien sur le sort de la femme adultère que sur le « pet » produit durant la prière.

Comment des musulmans convaincus par les dogmes de l’infaillibilité et de l’impeccabilité de Mahomet qu’on ne cesse de leur asséner, peuvent-ils ne pas se sentir coupables lorsqu’ils sont légitimement tentés de ne pas prendre pas au sérieux les hadiths (paroles et actes que la tradition islamique attribue à Mohammed) dont l’authenticité est affirmée par les « savants religieux » ?

Parmi ces hadiths, étiquetés le plus souvent à tort, comme authentiques, on trouve malheureusement toutes sortes de superstitions que l’on peut implanter dans des cerveaux conditionnés dès le plus jeune âge pour les acceuillir.

Comment par exemple peut-on prendre au sérieux la tradition rapportée par Abou Houreira (Rapporté par Al Boukhari dans son Sahih n°6223) qui prétend rapporter les propos suivants de Mohammed :


« Certes Allah aime l’éternuement et déteste le bâillement. Ainsi si l’un d’entre vous éternue et loue Allah c’est un droit à l’encontre de chaque musulman l’ayant entendu de lui dire: Yarhamouka Allah.

Par contre le bâillement vient de Chaytan. NorifQue la personne le repousse tant qu’elle peut et si il dit ‘Ahh’ alors Chaytan rigole de lui ».

Il suffit de consulter les sites qui nourrissent les musulmans adeptes de la normativité et de hadiths pour constater le ridicule des questions posées ainsi que celui des hadiths qui prétendent apporter la réponse.

Citons juste pour sourire la question du « Statut de la propriété rituelle de celui qui pète souvent » ou celle du « jugement du cas de celui qui doute d’avoir pété pendant l’accomplissement de la prière ».

Le jugement du cas de celui qui doute d’avoir pété pendant l’accomplissement de la prière – Islam en questions et réponses (islamqa.info)

Le statut de la propreté rituelle de celui qui pète souvent – Islam en questions et réponses (islamqa.info)

Naturellement, le non musulman risque d’éclater de rire en consultant par exemple le site « islamqa.info » dont les réponse s’appuient sur de prétendus hadiths authentiques, c’est-à-dire des paroles censées avoir réellement été prononcées par Mahomet (Mohammed).

Le musulman normatif, lui, est capable de culpabiliser pour des détails insignifiants.

Autre exemple, d’après Abou Houreira (Rapporté par Ahmed et authentifié par Cheikh Albani dans Sahih Targhib n°3700, Hadith Hasan li Ghayrihi), Mahomet aurait dit:

« Les gens du paradis sont imberbes, sans barbe, blancs, les cheveux crépus/frisés et les yeux enduits de kohl.

Ils ont 33 ans et sont à l’image de Adam, ils font 60 coudées ».

Encore un hadith considéré comme authentique : « D’après ‘Uthman ibn Abi l ‘Ass رضي الله عنه qui est venu trouver le Prophète صلى الله عليه و سلم et lui dit :

« Ô messager d’Allah, le diable s’interpose entre moi, ma prière et ma récitation et il m’en déconcentre ». Le Messager d’Allah صلى الله عليه dit alors :

« Celui ci est un diable que l’on appelle khanzab, lorsque tu ressens sa présence cherche refuge auprès d’Allah contre lui et crachottes 3 fois sur ta gauche. ». Il dit : « C’est ce que je fis et Allah l’éloigna de moi.» (Rapporté par Mouslim dans son Sahih n°2203)

Un chrétien pourrait-il imaginer un Jésus statuer sur des sujets aussi futiles ?

Même une personne athée qui lirait les quatre évangiles sans s’attacher au reste du nouveau testament, aurait du mal à trouver futile, non réfléchie, risible ou vétilleuse, une seule parole attribuée à Jésus.

Donc de deux choses l’une, soit Mohammed n’a jamais prononcé les paroles que ces hadiths auxquels leurs chaines de transmission (Isnad) sont censées conférer un haut degré d’authenticité, soit Mohammed s’abaissait à répondre aux questions les plus futiles qui soient par de simples expédients.

Le problème, c’est qu’à force d’habituer les esprits ou à force de les conditionner à gober de telles inepties, on génère de la crédulité généralisé et un abaissement terrible de l’esprit critique.

L’islam politique, normatif, concordiste, est un islam du hadiths ou on s’échange des hadiths comme les enfants s’échangent des cartes pokémons.

Chacun hadith représente un aspect de la vie même intime de Mohammed, un pokémon narratif que l’on transmet. « Tu connais celui-ci ? » « Ah non je ne connaissais pas. Moi, j’en connais un nouveau, il est authentique… »

Finalement la masse des hadiths crée de la matière à discussion et permet de remplir le vide.

On se les échanges comme on échangerait des Pokémons ce qui entretient une forme de socialisation entre les collectionneurs de hadiths.

L’intérêts de ces petits narratifs, c’est qu’ils sont le plus souvent des histoires courtes adaptées à des modes de cognition simples.

On les retrouve dans plusieurs traditions. Si bien qu’ils ont plusieurs versions transmises par des chaines de transmission (isnad) différentes.

Les savants religieux se contentent le plus souvent d’évaluer le degré d’authenticité du hadith à travers l’examen de la chaine de transmission (isnad).

Si la chaine de transmission leur parait solide, le contenu même stupide d’un hadith ne sera jamais discuté.

Ahmad b. Hanbal, le fondateur de l’école juridique qui porte son nom, a toujours manifesté une grande méfiance, voire un mépris, à l’égard de la raison.

Ce dernier s’exprimait en ces termes : « Un récit peu fiable attribué au prophète Mohammed vaut plus, pour moi, que l’usage de la raison »

Tilman Nagel n’écrit-il pas : « même un musulman se cassera parfois la tête sur le manque de plausibilité de certains énoncés des textes faisant autorité, mais les doutes naissants doivent être étouffés par le renvoi au miracle.« 

Selon Hocine Kerzazi, « le Hadith est un marqueur emblématique d’une surréalité historiographique musulmane.

Les investigations historico-critiques ne laissent plus guère de doute sur l’authenticité de ces récits prophétiques, même si peu de musulmans ont encore sacrifié à cette conviction ».

En d’autres termes, même les hadiths qualifiés d’authentiques par la tradition sont très rarement authentiques.

Fazlur Rahman, un réformiste musulman contemporain, auteur de l’ouvrage intitulé « Islam et modernité », considère comme essentiellement correcte la thèse des orientalistes Schatcht et Goldziher, selon laquelle la plupart des paroles attribuées par les hadiths à Mohammed n’auraient pas été prononcées par lui et que bon nombre de hadiths auraient été forgés pour légitimer des positions purement politiques ou personnelles.

Même l’intégralité morale de certains compagnons de Mohammed, souvent à l’origine de la chaine de transmission est parfois remise en cause.

Le penseur musulman Mahmud Abu Rayya (1889-1970) considérait que l’idée que les compagnons du prophète étaient tous intègres était absurde.

Il démontra à l’appui de sa thèse que Abü Hurayra, l’un des compagnons du prophète, transmetteur de hadiths, était un opportuniste malhonnête.

Pourtant, au XIe siècle, le collecteur de hadiths Al-Kkatîb de Baghdad, s’exprimait en ces termes devant le calife Harûn al-rashîd : « Si l’on ouvrait la porte de la critique des compagnons du prophète, les musulmans perdraient la charia »

Ibn al-Jawzi, le juriste, déclarait « Quand nous aboutissons à une opinion à travers notre raisonnement, nous le transformons en hadith. »

Aujourd’hui, tous ces travaux qui mettent en cause l’authenticité des hadiths dits « authentiques » n’ont pas infusé dans l’esprit des adeptes de l’islam normatif du hadith.

Ceux-ci peuvent ainsi continuer à échanger et produire des dialogues du type « je trouve la version de X plus intéressante. » « Oui, oui, l’isnad est solide, il s’agit d’un hadith authentique, je veillerai désormais à ne pas trop bailler. »

Ainsi, chacun se donne le sentiment de l’érudition.

La science de chaque adepte de cet islam normatif des hadiths devient ainsi la science du quantitatif, et non pas la science des grandes synthèses qui s’appuie notamment sur la logique et le raisonnement.

La connaissance est ainsi reléguée à ce phénomène quantitatif qu’est l’érudition qui lorsqu’elle ne s’accompagne pas d’un effort de synthèse et de critique, génère cet esprit d’érudition qu’Alexandre Koyré considérait comme aux antipodes de l’esprit scientifique.

De même, la réflexion théologique qui consiste à tenter d’accorder la révélation à la raison est rarement pratiquée par les adeptes de l’islam normatif des hadiths.

La hadith-mania finalement maintient les populations dans un état de crédulité car ces populations n’ont pas envie d’imaginer que la plupart de ses pokémons narratifs sont des contrefaçons, des paroles et des actes qui n’ont jamais été prononcées ou commis par Mohammed.

Entre le Mohammed idéalisé et le Mohammed historique, il y a un monde.

Le musulman porte la barbe parce qu’il faut absolument imiter Jean-Sol Partre ou plutôt Mohammed qui aux yeux des adeptes du hadith représente ce que Jean-Sol Partre dans « l’écume des jours » représentait aux yeux de ses fans.

Les adeptes de l’islam normatif des hadiths qui veulent aussi avoir la coiffure de Mohammed et faire « tout pareil » sont comme ces fans imaginaires qui dans « l’écume des jours » s’exclament, « cette chemise est exceptionnelle car elle a appartenu à Jean-Sol Partre », et demandent au coiffeur « la même coiffure que Jean-Sol Partre »,

Ainsi les « Mohammed » sont les noms les plus répandus chez les musulmans comme les « Jean-Sol » pourraient l’être dans un monde imaginaire où Jean-Sol Partre serait le prophète laïque de l’humanité.