Aujourd’hui, l’une des techniques de manipulation les plus puissantes est l’encodage ou le recodage sémiotique. Afin que le lecteur puisse comprendre en quoi consiste ce type d’offensive cognitive, il est nécessaire de présenter la distinction classique entre deux concepts importants, le signifié et le signifiant.

Le signifié est en quelque sorte le sens exprimé par le signifiant, c’est-à-dire par la chaine de caractère.

Les caractères S-O-L-E-I-L sont une retranscription de l’image sonore du mot « SOLEIL », le signifiant évoque le signifié, c’est à dire une étoile siège de réaction de fusion nucléaire.

Autrement dit, lorsque la chose par elle-même est le signifié, le symbole sonore ou typographique utilisé pour la représenter est le signifiant.

Le recodage sémiotique consiste notamment à briser ou à altérer le lien entre le signifiant et le signifié, l’idée étant d’attacher au signifiant un nouveau signifié ou un signifié altéré ou de connoter différemment le signifié attaché au signifiant, en lui attachant un système de signification autonome.

Il s’agira en d’autres termes d’agir sur le lien qui unit la chose projetée et la projection symbolique, entre la chose et le symbole qui la représente.

Le summum de cette technique de manipulation consiste à recoder soi-même un signifiant tout en parvenant à faire croire que c’est un autre, mal intentionné, qui aurait effectué insidieusement l’opération de recodage.

Quittons donc le domaine de l’abstraction et considérons une exemple simple et concret.

Dans ce Tweet, une personne dont le nom est Abderahman, affirme, sans démontrer quoi que ce soit, que la proposition « il faut réaffirmer l’identité française et la laïcité avec fermeté » serait le résultat d’un recodage sémiotique et que cette phrase serait une autre manière de dire « sale arabe retourne dans ton pays ».

Ici la manipulation est particulièrement insidieuse. Nous allons cependant la mettre en lumière de sorte à ce que nos lecteurs puissent échapper à ces techniques de manipulation.

Quel est l’objectif de celui qui projette sur un autre le réencodage qu’il a lui-même pratiqué ?

L’objectif est simple : Rendre la société « charia compatible » et pour cela favoriser l’idée que celui ou celle qui refuserait le modèle multiculariste, serait nécessaire raciste. La technique est donc la suivante :

Tout ce qui constitue un obstacle susceptible d’empêcher de rendre la culture et la loi française « charia compatible » doit être connotée de raciste.

 Le but de la mise en scène est tout simplement de disloquer le sentiment national et de détruire le modèle français. Ainsi, en détruisant la spécificité française et tentant de disqualifier ce qui fonde la culture française, on détuit les obstables à la création d’une société ou d’une culture charia compatible.

La réalité est la suivante :

Ce ne sont pas les prétendues racistes français qui auraient recodé le signifié « sale arabe retourne dans ton pays » en utilisant un nouveau signifiant « Il faut réaffirmer l’identité française et la laïcité avec fermeté ».

Au contraire, ce sont les activistes identitaires d’obédience fréristes qui en faisant croire à un recodage par des prétendus racistes d’une injonction saine à savoir « il faut réaffirmer l’identité française et la laïcité avec fermeté » tente d’annihiler certaines spécificités culturelles françaises de sorte que ces spécificités ne viennent pas entraver la mise en place d’une société « charia compatible ».

A l’arrière-plan de ce recours au concept de « racisme » il y a aussi un recodage sémiotique du mot « racisme » qui à l’origine recouvre l’opinion selon laquelle la forme du visage ou la couleur de peau déterminerait le caractère ou le niveau d’intelligence.

Or comme il ne reste plus guère de racisme en France, les entrepreneurs de la colère et les partisans d’une société charia compatible s’efforce de pratiquer un recodage sémiotique du terme « racisme » de sorte qu’une acceptation nouvelle de ce mot puisse prendre le relais de l’ancien acception qui n’est plus porteuse pour leur fond de commerce dont la marchandise est la colère et le ressentiment

Ainsi, dans le cadre d’une vaste entreprise de manipulation, ils s’activent pour assimiler toute critique de certains aspects culturels, de certains aspects religieux à du racisme, faisant ainsi oublier que la critique des croyances est une condition nécessaire au progrès de l’esprit humain. Rappelons que pour Karl Popper l’auteur de « la société ouverte et ses ennemis », l’institutionnalisation de la critique est la condition de l’établissement d’une société ouverte.

En résumé, de la même façon que le terme islamophobie est une arme linguistique de manipulation visant à confondre croyants et croyances, pour censurer de fait toute critique de la moindre norme religieuse, le recodage sémiotique du terme « racisme » sert désormais à censurer toute critique de tel ou tel trait culturel et/ou religieux.

En exploitant jusqu’à l’extrême ce recodage sémiotique, il sera bientôt possible pour les activistes de l’identité musulmane de faire passer toute critique de l’inégalité juridique et sociale entre l’homme et la femme pour un acte raciste en insistant sur le fait qu’il existerait une égalité métaphysique, c’est-à-dire devant Dieu dans l’au-delà et que cela serait suffisant.